© Vincent Moncorgé/CNRS/Femmes&Sciences

Sophie TrélatIngénieure-chercheuse en sûreté nucléaire

Ambassadrice "La Science taille XX elles" édition Paris/Ile-de-France 2025 

 

Au sein de la direction de l’expertise nucléaire française de défense et de sécurité, Sophie Trélat allie rigueur et créativité pour prévenir les risques d’explosion et protéger les installations sensibles.

Certains après-midis, un parfum de caramel flotte dans l’école d’ingénieurs de Bourges : c’est Sophie Trélat qui fait des expériences à base de sucre glace avec des étudiants, pour simuler des explosions de poussière. D’autres fois, la doctorante fait sursauter les classes voisines du laboratoire avec des « Boum ! » retentissants : de mini-explosions de bulles de savon remplies d’hydrogène et d’oxygène. Bien qu’impressionnants, ces phénomènes sont bien maîtrisés, et surtout beaucoup moins dangereux que s’ils se produisaient près d’une centrale nucléaire. C’est précisément ce que Sophie Trélat explore dans sa thèse, après un cursus d’ingénieure dans cette même école.

Elle a choisi son sujet après deux événements majeurs : les attentats du 11 septembre 2001 suivis, dix jours plus tard, d’une explosion d’engrais dans l’usine AZF, un accident industriel qui ravage la région toulousaine. L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) vient d’être créé et la jeune diplômée se réjouit de travailler sur un enjeu aussi actuel et porteur de sens. Mêlant la mécanique et l’énergétique, elle étudie les effets des explosions, à travers notamment les phénomènes de propagation des ondes et de combustion, dans le but de protéger les installations nucléaires.

Très marqué par l’image militaire, le secteur de la pyrotechnie et de la détonique attire peu de femmes mais cela n’empêche pas Sophie Trélat de devenir une spécialiste. Elle commence par relire des rapports de sûreté nucléaire dans une entreprise avant d’être embauchée à l’IRSN, en 2008. En plus de son travail d’expertise, elle réalise alors des expériences et des calculs qui lui donnent des arguments solides pour analyser les dossiers.

Ici, l’anticipation et la créativité sont essentielles. Sophie Trélat imagine différents scénarios pour faire varier le type et la quantité d’explosif ainsi que le milieu, air ou eau, dans lequel les ondes se propagent. Elle mesure ensuite la pression, étudie la déformation d’un matériau sous l’effet du souffle, l’envol de fragments qui viennent percuter un mur… Comprendre et prévoir ces phénomènes permet de formuler des recommandations pour limiter les dégâts et de développer des outils de calculs faciles à utiliser. En plaçant la science au cœur de son expertise, Sophie Trélat contribue ainsi à limiter les risques liés aux explosions.