© Vincent Moncorgé/CNRS/Femmes&Sciences

Ghuncha FatmaBiomécanicienne

Ambassadrice "La Science taille XX elles" édition Paris/Ile-de-France 2025

 

Arrivée en France en septembre 2024, Ghuncha Fatma est doctorante au sein du laboratoire Modélisation et Simulation Multi Échelle (MSME, CNRS/Université Paris-Est Créteil). Ses recherches portent sur l’endométriose, une maladie mal connue d’un point de vue scientifique et qui touche spécifiquement les femmes.

 

Originaire d’Inde, Ghuncha Fatma est la seule femme de sa famille à avoir suivi des études supérieures, y compris parmi ses cousines, pourtant de la même génération qu’elle. Plus qu’une fierté, c’est surtout une chance à ses yeux, dont elle veut faire bénéficier d’autres femmes. C’est pour cette raison qu’après son master en biomécanique à l’Institut Indien de Technologie de Kharagpur, elle choisit de travailler sur l’endométriose, une maladie qui touche 10 % des femmes en âge d’avoir des enfants. Due au développement de tissus semblables à la muqueuse de l’utérus en dehors de celui-ci, l’endométriose provoque une inflammation et des douleurs parfois extrêmement fortes.

En Inde, de nombreuses femmes souffrent de maladies gynécologiques sans être diagnostiquées et ailleurs, les recherches sur l’endométriose sont encore peu nombreuses. Ghuncha Fatma découvre cependant que la France a lancé en 2022 une stratégie nationale de lutte contre cette maladie : elle rejoint alors en thèse l’équipe biomécanique du laboratoire Modélisation et Simulation Multi Échelle qui a noué un partenariat avec l’Hôpital Tenon, à Paris.

La doctorante peut ainsi mener des expériences sur des tissus prélevés lors d’opérations chirurgicales : elle mesure les propriétés d’élasticité de ces tissus, les déformations qui apparaissent quand on les étire ou les comprime, comme cela arrive quand on fait des mouvements. Une deuxième étape sera d’analyser la production de substances produites par les cellules du système immunitaire, les cytokines, qui pourraient être liées à la sensation de douleur. L’objectif final étant de créer un modèle de simulation numérique en trois dimensions à l’échelle des cellules, des tissus et des organes, afin d’observer et de prévoir les mouvements qui causent la douleur.

Ghuncha Fatma espère qu’une meilleure compréhension mécanique de l’endométriose contribuera à mieux diagnostiquer les malades et à développer de nouvelles thérapies pour soulager les patientes. Elle aspire ainsi à contribuer à la santé de femmes en Europe comme en Inde où elle compte retourner après sa thèse pour enseigner et poursuivre ses recherches.