© Vincent Moncorgé/CNRS/Femmes&Sciences

Angèle NiclasMathématicienne

Ambassadrice "La Science taille XX elles" édition Paris/Ile-de-France 2025 

 

En peu de temps, Angèle Niclas a relevé un double défi : intégrer un laboratoire de recherche, celui de Mathématiques Appliquées à Paris 5 (MAP5 – CNRS/Université Paris Cité), et fonder une famille.

« Impossible de faire carrière dans la recherche et d’avoir une vie de famille » : cette phrase, Angèle Niclas l’a entendue des dizaines de fois, à tel point que cela a failli la dissuader de s’engager dans cette voie. À l’origine, la jeune femme souhaitait enseigner les mathématiques au lycée, mais ses brillants résultats la mènent en classe préparatoire puis à l’École normale supérieure de Lyon où un stage en laboratoire lui donne le goût de la recherche. Elle se lance alors dans une thèse et étudie la propagation des ondes dans des tuyaux d’oléoducs ou de centrales, avec une approche particulière car elle travaille sur ce qu’on appelle des problèmes « inverses ». Autrement dit, elle n’essaie pas de prévoir la propagation des ondes : elle l’analyse pour détecter d’éventuels défauts dans les tuyaux et les localiser précisément. Si ces recherches de mathématiques appliquées sont en lien avec la physique et la mécanique, Angèle Niclas ne fait pas d’expérimentation : son domaine, ce sont les équations.

À l’issue des trois ans de thèse, la question de poursuivre dans la recherche se pose car les débuts sont souvent synonymes d’instabilité professionnelle. Or, Angèle Niclas veut s’installer avec son conjoint et fonder une famille. Elle hésite, jusqu’à ce qu’elle fasse partie des lauréates du prix Jeunes Talents L’Oréal-Unesco qui distingue des femmes scientifiques : cette reconnaissance la convainc de continuer en post-doctorat. Elle applique ses connaissances des ondes dans un autre milieu, l’eau, afin de géolocaliser les baleines, ainsi que les sous-marins. Pour la chercheuse, les mathématiques sont comme une boîte à outils grâce à laquelle elle explore de nombreux domaines.

Côté carrière, alors qu’elle s’est laissé deux ans pour trouver un poste de maîtresse de conférences, Angèle Niclas a le choix entre deux laboratoires dès la fin de sa première année de post-doctorat. Et c’est même enceinte qu’elle rencontre les équipes car elle a décidé qu’avoir un enfant n’interfèrerait pas dans sa vie professionnelle. Après des années dans un milieu majoritairement masculin, le laboratoire MAP5 l’enthousiasme par sa mixité et sa grande bienveillance. De fait, après son congé maternité et une reprise en douceur, la chercheuse et maman s’investit désormais pleinement dans de nouveaux projets.