Portrait d’Emma El Beaine, doctorante au Laboratoire d’Electrochimie Moléculaire

A 24 ans, Emma El Beaine est en première année de doctorat au Laboratoire d’Electrochimie Moléculaire (CNRS/Université Paris Cité). Elle nous raconte son parcours et son attrait pour la science.

Ce qui a tout de suite attiré Emma vers la chimie, au début de ses études supérieures, ce sont ses aspects pluridisciplinaires, comme la chimie organique appliquée à la santé. Au cours de son master de chimie « Frontiers in chemistry », à l’Université Paris Cité, elle réalise sa première expérience au LEM, le Laboratoire d’Electrochimie Moléculaire (CNRS/Université Paris Cité), lors d’un stage. Afin de découvrir le monde de l’industrie, elle effectue ensuite un autre stage chez GRT gaz et s’intéresse aux énergies renouvelables. Une thématique qu’elle souhaite approfondir, mais cette fois à travers la recherche théorique. En 2023, elle fait donc son retour au LEM pour commencer une thèse au sein de l’équipe REACTE (réactivité et catalyse par transfert d’électrons).

Son travail porte sur l’électroréduction du CO2 visant à le transformer en biocarburants, et plus particulièrement en méthanol. Un axe de recherche qui se base sur le procédé du « carbone capture » dont l’objectif, à terme, est de pouvoir capter le carbone émis par l’industrie et de le transformer en autres produits, grâce à une réaction avec des catalyseurs pour casser la molécule. Un domaine « en expansion croissante » où il reste beaucoup à découvrir, s’enthousiasme Emma. A l’avenir, elle envisage de rejoindre le secteur industriel, idéalement des énergies, afin d’allier R&D et développer des projets du même type.

Elle ne se ferme donc aucune porte – au contraire, bien trop souvent, de jeunes filles qui débutent en science. Au fil de discussions avec ses collègues du LEM – quatre étudiantes contre une quinzaine d’hommes, un ratio que le laboratoire espère équilibrer – elle observe ainsi que les femmes ont tendance à se poser plus de questions sur leurs capacités que les hommes : « Il y a une différence entre douter de ses capacités et douter de son travail. Un scientifique qui doute de son travail, c’est normal et même essentiel. Mais douter de ses capacités, j’ai l’impression que c’est plutôt le propre des fillesOn se met nous-même une pression alors qu’on a les capacités pour réussir ».

Les sciences c’est beau parce que c’est accessible à tout le monde

Si elle admire Marie Curie, « un exemple pour toutes les chimistes ! », il y a aussi une légende de l’Antiquité qu’elle apprécie particulièrement : celle d’Agnodice, qui aurait vécu à Athènes à une époque où les femmes ne pouvaient exercer la médecine et être gynécologues. Partie en Egypte pour se former, elle est revenue dans sa ville d’origine et s’est mis à soigner les femmes, en se déguisant en homme. Quand la supercherie est découverte, elle est jugée et condamnée à mort, puis finalement acquittée suite à la révolte de ses patientes – mais aussi de leurs maris et de nombreux hommes. Les femmes ont alors acquis le droit d’être médecins. « C’est une histoire très parlante car elle montre que [la place des femmes en science] n’est pas, justement, qu’une affaire de femmes : si les hommes sont intégrés et les soutiennent, ça peut vraiment faire changer les choses ». D’où l’importance de sensibiliser les plus jeunes, filles comme garçons, ajoute-t-elle.

« Les sciences c’est beau parce que c’est accessible à tout le monde » selon Emma. C’est aussi un moyen d’assouvir sa curiosité, car les thèmes y sont divers et variés. « Il faut se lancer ! ».