© Vincent Moncorgé/CNRS/Femmes&Sciences

Lauriane MouyssetÉconomiste de la biodiversité

Ambassadrice "La Science taille XX elles" édition Paris/Ile-de-France 2025

 

Directrice de recherche CNRS au Centre international de recherche sur l'environnement et le développement (Cired, UMR 8568 CNRS-ENPC-Cirad-AgroParisTech-EHESS), Lauriane Mouysset travaille à l’interface des trois disciplines : l’économie, l’écologie et la philosophie.

 

Alors que beaucoup de jeunes choisissent d’étudier l’écologie par militantisme, Lauriane Mouysset, s’y intéresse d’un point de vue avant tout scientifique. Ce qui la motive, c’est de comprendre les dynamiques des écosystèmes, c’est-à-dire les interactions entre les êtres vivants, qu’il s’agisse de compétition, de coopération ou de prédation. Consciente que l’économie influence profondément les décisions à l’échelle mondiale, notamment en matière d’environnement, l’étudiante s’interroge sur les fondements de cette logique. Pour y répondre, elle suit deux masters en parallèle : l’un en écologie, l’autre en économie et soutient une thèse à la frontière entre ces deux disciplines.

Devenue chercheuse au CNRS, elle poursuit dans cette voie, animée par une question centrale : comment intégrer la biodiversité dans les choix économiques sans pour autant réduire la nature à une valeur marchande et en avoir une approche uniquement instrumentale ? Alors que l’économie et l’écologie sont des domaines traditionnellement séparés, Lauriane Mouysset combine des équations venues de l’un ou de l’autre pour comprendre les conséquences croisées de leurs interactions.

Dans les milieux agricoles, elle étudie comment le choix, par exemple, de planter des haies pour maximiser les profits influence les ressources alimentaires des oiseaux présents sur le territoire. En retour, ceux-ci peuvent être utiles aux agriculteurs : en mangeant des insectes nuisibles, ils protègent les cultures et améliorent les rendements.

Désireuse de compléter ses travaux par une réflexion théorique, Lauriane Mouysset reprend des études en philosophie, tout en travaillant, et soutient une thèse en 2024. Elle y analyse comment la prise de conscience des limites écologiques de la planète nous invite à réfléchir aux relations que les humains entretiennent avec le reste du monde : les animaux et végétaux mais aussi les virus, les montagnes, les minéraux… Des problématiques sur la construction d’un monde en commun que la chercheuse aborde comme des énigmes complexes, mais stimulantes avec une vision globale. Ayant eu la chance de choisir une orientation scientifique sans jamais se poser de questions sur son genre, elle milite en faveur d’une orientation affranchie des stéréotypes.